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Le chemin spirituel, tel que je le perçois aujourd'hui

  • olivierdubey
  • 29 mars 2023
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 30 mars 2023

A chaque vie son chemin spirituel, qu'il soit volontairement cultivé ou secondaire. Il y a bien entendu autant d'histoires et de façons de vivre ce chemin que d'êtres vivants ayant parcouru notre planète. Certains seront plutôt paisibles, d'autres parsemés de difficultés. Certains seront fulgurants, d'autres plus progressifs. Il me semble cependant que quelques-unes des grandes étapes de ce chemin se retrouvent encore et encore dans la vie de nombreuses personnes qui, pour une raison ou pour une autre, ont décidé de vouer une place importante à leur vie spirituelle. En voici un résumé, tel qui m'a été inspiré de l'écrire en l'état de ma perception actuelle, sans aucun doute amenée à évoluer à mesure que mon propre chemin se dessine.





Ce n'est un secret pour personne: la vie est faite d'expériences joyeuses et épanouissantes autant que de difficultés. Certaines épreuves, empruntes de souffrance, nous mèneront sans doute un jour à chercher des solutions nous permettant de mieux les appréhender. Nous entrons alors dans une phase d'exploration, nous cherchons de nouvelles passions, de distractions, de nouvelles relations, des nouveaux objectifs qui nous combleront certainement un certain temps. De l'épreuve émerge parfois également la nécessité d'acquérir de nouveaux outils nous permettant de mieux gérer nos émotions, nos stress ou encore d'améliorer la relation que nous entretenons avec nous-mêmes et les autres. Il se peut également que nous ressentions le besoin de nous connecter à quelque chose de plus grand. C'est ainsi que démarre souvent le chemin spirituel. Nous faisons la découverte du yoga, de la méditation, ou de tout autre outil qui, nous en sommes convaincus, nous permettra enfin de parfaire notre vie, de nous libérer de ses difficultés.


Au début de ce chemin, nous découvrons peut-être certains concepts religieux ou spirituels qui nous fascineront par leur sagesse et leurs promesses. Nous faisons l'expérience d'états méditatifs paisibles que nous tentons tant bien que mal de stabiliser et de reproduire. Il est probable que nous essayions désespérément de nous changer : devenir plus aimant, moins triste, plus calme, de viser à se parfaire par force de volonté. Peut-être même développons nous l'impression que la spiritualité est en quelque sorte différente, supérieure à la vie ordinaire, que les questions "non spirituelles" n'ont finalement que peu d'importance et que le but de notre pratique est de parvenir à un état d'être supérieur, de transcender la réalité matérielle, ou encore "d'atteindre l'Éveil". Après tout, pourquoi viser moins? Nous nous égarons alors dans cette direction pendant un certain temps.


Un beau jour cependant, la vie se chargera certainement de nous secouer. Des événements traumatiques, ou encore un profond sentiment de vide et d'insignifiance, nous plongeront peut-être dans une douloureuse crise spirituelle. Nous réalisons que nos pratiques, qui nous ont jusqu'à présent permis d'endurer les diverses vicissitudes de la vie, ne semblent être d'aucune aide à la lumière de cette nouvelle et intense souffrance que nous n'attendions plus. En réalité, pendant tout ce temps, nous nous étions entraînés à "transcender" (ou plutôt éviter...) nos émotions, nos traumatismes, nos égos. Malgré nos intentions les plus honnêtes et les plus sincères, nous avons spirituellement contourné ce que nous pensions être de moindre importance : notre véritable et sensible humanité, brute et désordonnée.


Nous n'avons plus le choix, il nous faut maintenant entrer dans le vif du sujet. Descendre de notre piédestal spirituel, rendu humble par la férocité de nos émotions et par chaque parcelle de souffrances et de traumatismes que nous pensions avoir nettoyés. Nous réalisons que la méditation ne consiste pas à atteindre des états d'être particuliers, mais au contraire à développer la capacité d'être simplement présent avec tout ce qui se présente. Malgré cela, nous continuons sans doute à négocier avec notre esprit : "Si j'autorise cette douleur, cette colère, cette tristesse, ne serait-ce qu'un instant, peut-être disparaîtra-t-elle?". Nous sommes progressivement contraints de nous accepter dans toutes nos désespérantes imperfections, nos jugements, nos colères, nos névroses. Nos pratiques antérieures seront bien sûr ici d'une grande utilité. Nous avons appris à nous connecter à la conscience, nous avons perçu et ressenti l'aspect indestructible et intemporel de nos Êtres. Il s'agit maintenant d'utiliser ces compétences afin de pleinement ressentir et d'explorer nos ombres. D'accepter, à notre grand regret, que nous sommes peut-être encore plus perdus qu'au début, et que nous ne comprenons décidément pas grand chose à ce grand mystère que nous appelons la vie. C'est la nuit noire de l'âme.


La méditation devient alors sans but : elle fait place à toute expérience et leur permet d'être, simplement, sans agenda caché, et dénuée de toute intention de guérison et d'éveil. Nous comprenons que notre quête de perfection n'était qu'une autre façon de nous fuir et qu'elle alimentait en fin de compte le rejet de soi auquel nous avions désespérément tenté d'échapper.


Après un mois, un an ou une décennie passée à ressentir et expérimenter la nudité féroce et perçante de nos émotions, une paix nouvelle peut progressivement émerger. Peut-être même faisons-nous l'expérience d'une réalisation profonde et durable de notre véritable nature. Nous mourons et renaissons à ce que nous sommes réellement : des individus profondément sensibles et désordonnés, mais également la manifestation d'une conscience pure, imprégnée de joie, d'amour, d'attention et d'humilité.


À ce stade, nous réalisons que la spiritualité et la vie mondaine vont de pair. Notre tempérament évolue naturellement vers plus de chaleur, de joie et de sérénité. Non pas parce que nous recherchons activement ces qualités et que nous travaillons à les développer, mais parce que la sagesse nous transforme, en nous reliant à ce que nous sommes vraiment. En conséquence, nous nous mettons au service de nos semblables et nous les voyons pour ce qu'ils sont, partageant en fin de compte la même vraie nature. Nous pouvons penser que nous avons atteint notre but. En réalité, le chemin ne fait que commencer : l'intégration de la vérité spirituelle dans la vie quotidienne. Nous comprenons qu'il s'agit des deux faces d'une même pièce et qu'elles ne peuvent qu'aller de pair. Nous avons peut-être compris que le mode de vie le plus "spirituel" est un profond respect et une admiration totale pour la simplicité absolue de chaque petite chose, et le miracle de l'existence elle-même. Certains de nos défauts et de nos névroses persistent, sans aucun doute, mais nous ne les combattons plus, ni les réprimons. Par conséquent, elles n'ont plus à dicter nos réalités et nos comportements. Nos egos continuent malgré tout la riposte, utilisant nos identités nouvellement "éveillées" pour se réaffirmer. Nous surfons sur les vagues incessantes de joies, de peines et d'ordinaire, sans toutefois y résister, ni vouloir que les choses soient différentes. Des couches plus profondes de l'inconscient continuent d'émerger. "Après l'éveil la lessive", comme le dit si bien Jack Kornfield.


Et le chemin continue...

 
 
 

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